Florian Fay est non seulement l’auteur de l’incontournable Misty paru chez Helvetiq, mais aussi de jeux plébiscités par les joueurs tels qu’Arriala ou encore Greenville 1989. Inclassable, Florian a gentiment accepté de répondre à nos questions et ses réponses nous ont mis de bonne humeur pour la journée (au moins) ! Rencontre.
Bonjour, comment pourriez-vous nous en dire plus sur vous en quelques mots ?
Salutations à toute l’équipe, je suis Florian auteur « semi-pro » de jeux depuis maintenant une dizaine d’années. Je parle de « semi-pro », en effet, j’ai une démarche professionnelle et j’y mets beaucoup d’énergie, mais « semi », car je suis enseignant de maths et cela reste mon premier métier et celui qui passera devant le game design.
Côté privé, je suis père de 3 enfants qui ont toujours à coeur de tester mes protos (enfin presque toujours) et également vttisite du dimanche, ou du samedi, ou du jeudi… 😉
Comment devient-on auteur de jeu de société ?
On se regarde dans une glace et on se répète « je suis auteur de jeu » plein de fois. Comme le dit Jesse Schell, faut s’en convaincre avant d’en convaincre les autres. Mais si la question est « comment moi, je suis arrivé auteur de jeu », je dirais à cause des autres.
J’ai toujours aimé me casser la tête sur le comment ça marche, tester, créer. Ce sont des amis ou même des personnes que je ne connaissais pas qui m’ont fait des retours positifs sur mes premiers protos, cela m’a encouragé à tenter des contacts auprès d’éditeurs. (A l’époque, tout le monde avait son petit site avec plein d’icônes qui clignotent tout partout, et j’avais mis des PnP (Print & Play) en téléchargement).
Et lorsque vous étiez enfant, vous vouliez faire quoi comme métier ?
PPffff, pas assez de souvenirs précis. Disons qu’adulte, maintenant, j’aimerais bien faire astronaute. Mais je crois que ce n’est pas gagné.
Votre jeu préféré de tous les temps, ce serait quoi ?
Il y a tellement de diversité, de richesse, d’univers… difficile de choisir un seul jeu. De plus, ma réponse d’aujourd’hui sera certainement différente de celle de demain avec de nouveaux jeux joués. Disons que le jeu qui m’a apporté de nouvelles sensations, ce serait la série des Pandémic Legacy (saison 1-2-0). Quelle difficulté pour moi de poser un autocollant sur le plateau, de prendre ces décisions qui impactent toutes les parties suivantes, mais quel plaisir !
Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Plein, trop, toujours, tounuits (je me dis que ça doit bien exister comme mot ça). Plus précisément, j’ai un livre « Escape Quest Kids » qui va sortir courant juin 2021 que j’ai cocréé avec l’excellent auteur Alex Emerit. Il s’agit de notre deuxième livre dans cette gamme et j’espère que ça va bien plaire, on s’est beaucoup amusés à le faire et on est très satisfaits des twists trouvés.
En toute logique, fin 2021, un jeu que j’ai créé avec mon fils devrait sortir. La sortie du jeu a été plusieurs fois décalée (situation sanitaire oblige), mais j’ai bon espoir. J’aurais l’occasion d’y revenir, mais on l’a vraiment travaillé à deux et ce sont de chouettes moments. Pour terminer, certainement 2023, un jeu chez Iello dans leur gamme Mini, que j’ai signé à nouveau avec l’incroyable Alex Emerit.
Ce sont les trois projets signés qui m’occupent dans leur développement, les échanges avec l’éditeur, l’illustrateur etc. Du côté des protos, plein de pistes, mais surtout j’ai un jeu de cartes qui me plait bien et un ou deux jeux pour enfants pour lesquels je porte un grand espoir. Mais la situation actuelle complique pas mal de choses, les éditeurs doivent aussi s’adapter à la situation. L’ensemble prend beaucoup plus de temps dans le processus d’itération.
Vous avez des chouchous parmi les auteurs/illustrateurs de jeux français ?
C’est rude vos questions, je vais en oublier et je vais regretter ensuite ! Au niveau des illustrateurs/illustratrices, franchement je suis toujours épaté de ce qu’ils arrivent à faire et la manière dont cela sublime le jeu. Je serais prêt à travailler avec tous, chacun apportant des angles intéressants, leur patte, des univers.
Au niveau des auteurs/autrices, là encore je reste admiratif du parcours des grands noms d’auteurs comme Bruno Cathala ou Antoine Bauza, mais je dirais surtout Wilfried & Marie Fort. Ils ont un parcours incroyable et remportent les prix les uns après les autres tout en restant humbles.
Vous êtes plutôt Monopoly, belote ou Donjons & Dragons ?
Tout est dans l’interprétation de la question, si je traduis par « jeu de plateau » « jeu de cartes classique » « jeu de rôle », je répondrais beaucoup de Monopoly et pas mal de belote. Mais sans cuistrerie de ma part, je n’ai jamais eu de Monopoly enfant, mais plutôt des Bonne Paye, des Le Survivant ; Heroquest ou encore Vengeance à Chicago. Je n’ai pas vraiment exploité le jeu de rôle, c’est peut être pour cela que Greenville 1989 et Paris 1889 plaisent aux différents publics.
Les jeux vidéo, c’est le mal ?
Pourquoi le mal ? Le mal c’est l’addiction, le temps passé dessus parfois trop important. Il faut trouver un équilibre. Cela vaut pour les jeux vidéo comme pour le reste. J’ai des souvenirs incroyables de parties entre amis ou de mes heures passées sur Populous, Settlers ou encore les Monkey Island et autres Day of the Tentacle. Actuellement, j’y joue pas vraiment, mais je suis attentif à ce qui sort et il y a vraiment de belles créations originales.
Enfant, quel jeu auriez-vous rêvé d’avoir ?
La Bonne Paye, Heroquest, Vengeance à Chicago et Le Survivant ? Honnêtement, ce sont ces jeux qui ont fait de moi ce que je suis actuellement. Alors, si on change une variable, tout va changer. Les jeux que j’adore en ce moment, il est possible qu’enfant je n’aurais pas apprécié ; alors on change rien.
Enfin, quelle adaptation de film aimeriez-vous voir en jeu de plateau ?
Tellement, tellement de films ! De temps en temps, je pose des idées sur un proto dans l’univers du Transperceneige. J’adore la BD et quand le film coréen est sorti ça m’a relancé dans cette idée… que j’ai laissée de côté. Puis la série est apparue et je m’y suis relancé. Mais cela reste très compliqué à faire sans dénaturer l’oeuvre. Et peu motivant aussi quand on sait qu’il y a une infime chance qu’un éditeur soit intéressé et obtienne la licence. À suivre.
Merci à Florian Fay d’avoir répondu à nos questions, nous avons hâte de découvrir ses prochains jeux et vous conseillons vivement de tester Misty chez Helvetiq !
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